Searching for Elias

"Il n’était pas bavard, voire bougon, avec ce côté Bukowski polonais. Il n’aimait pas parler de son travail, et encore moins que les autres le fassent pour lui. Il est donc presque miraculeux que la compagnie de danse – art dont elle n’avait que faire – Androphyne ait pu contacter le plasticien Elias Pozornski, qu’il ait accepté de les rencontrer et de partager, ultime miracle, un projet avec eux à 85 ans. Malheureusement, alors qu’ils avaient bien avancé ensemble sur ce projet de création, Pozornski décédait en septembre 2013. Se sachant condamné, il avait laissé aux chorégraphes Pierre-Johann Suc et Magali Pobel des notes et indications afin de le guider pour terminer cette œuvre. Ainsi, les soirées Searching for Elias  se sont transformées en soirées hommage où l’on découvre au travers d’archives le parcours de cet homme singulier, ainsi que sa dernière œuvre, élaborée au-delà de sa mort grâce à la compagnie Androphyne." 

 

Lucie Babaud - JUNKPAGE

Conception, chorégraphie : 
Magali Pobel, Pierre-Johann Suc

 

Avec : Magali Pobel, Samuel Dutertre, Blanche Konrad, et Charlotte Chadourne.

 

Lumière : Harrys Picot

Son : Pierre-Johann Suc

 

Production : Androphyne

Coproduction :Le Cuvier - CDC d’Aquitaine, CCN BIARRITZ, Communauté de MACS , Résidence européenne ATERPEAN / Dantza Hirian, 2ANGLES centre de création contemporaine de Basse Normandie, CCN ORLEANS, Lubelski Teatr Tanca - LUBLIN,  Théâtre de SOUSTONS.

 

Remerciements : Hanna Cyganek (Biographe) ; Ryszard Markowicz, partenaire du programme de Fond Pozornski ; Krakow Film Festival, Christophe Martin (Micadanses - Paris).

Soutiens particuliers : « Culture en Herbe » - Conseil départemental des Landes, aide à la mobilité (Conseil Régional Aquitaine).

 

Avec le soutien de la DRAC Nouvelle Aquitaine, Région Nouvelle Aquitaine, Département des Landes. 



"On peut clairement qualifier le parcours artistique d’Elias Pozornski, entamé en Pologne, de chaotique. Il s’inscrit à l’Académie des beaux-arts de Cracovie à 19 ans en peinture et scénographie. Déçu par l’enseignement, il fait deux séjours à Paris puis revient à Cracovie, où, en 1955, la rencontre avec le metteur en scène Tadeusz Kantor et son théâtre Cricot 2 fait tout basculer. À lui la vie d’artiste avec cette deuxième famille. Bien qu’il ne fasse pas partie du premier cercle de la troupe, il a lui aussi été touché par l’esprit dada et les prémices du happening. Ainsi, lui, le peintre, devient un performer de la première heure. En 1956, alors que des grèves ouvrières soulèvent le pays, il imagine une mise en scène dénonçant la censure, et mêle sculpture, musique et action : la crémation publique de haut-parleurs (speakers) diffusant discours et messages politiques de personnalités polonaises et russes (Speaker 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7). Il est emprisonné environ un an suite à ce happening, et il révèle plus tard que sa carrière a véritablement commencé dans la solitude de sa cellule. Mais il sait aussi que l’avant-garde n’est pas en Pologne. Il part aux États-Unis, puis en Grande-Bretagne, où il rencontre John Dunbar, le mouvement Fluxus, les Beatles via Yoko Ono, ou Harald Szeemann, commissaire d’exposition de génie, qui apprécie l’anarchisme et l’absence de compromis de Pozornski. Malgré l’amitié qui les lie, Pozornski, qui travaille alors sur ses Body vs Object, refuse de participer à l’exposition « When Attitudes Become Form», œuvre-manifeste de l’art de la performance, car sponsorisée par Philip Morris Europe. La rupture définitive entre les deux hommes aura lieu en 1972. Deux ans après, Pozornski repart en Pologne avec femme et enfants, et il disparaît du monde des arts et de la culture en 1974, presque aveugle suite à une maladie dégénérative des yeux. Mis sur sa piste en 2008, alors qu’ils étaient en Pologne pour le tournage de Faites demi-tour dès que possible, les membres d'Androphyne ont été séduits par le travail de ce personnage présenté comme un peu fou. Mais assez génial. Leur proposition mêlant chorégraphie, vidéo, archives et arts plastiques rallume la lumière sur cet esprit libre et contestataire."

 

Lucie Babaud - JUNKPAGE